Téléphérique

À l'Aiguille du Midi avec les araignées du ciel

Par Éliane PATRIARCA

  • 3.842

    André GILLET

  • Au départ de Chamonix, un téléphérique – le plus haut d'Europe – conduit en à peine vingt minutes à l’Aiguille du Midi, l’un des sommets les plus prestigieux du massif du Mont-Blanc. À l'arrivée, une passerelle pour rejoindre le piton central. De là, un ascenseur de 66 mètres grimpe jusqu’au sommet de l'Aiguille, à 3 842 mètres d'altitude, d’où l’on découvre un panorama à couper le souffle : le mont Blanc semble à portée de main, la vallée Blanche rencontre le glacier du Géant.

    Aujourd’hui, lorsqu’on emprunte la "benne", que l’on  contemple le vide vertigineux et la vallée qui s’éloigne, il est impossible de réaliser l’aventure technique et humaine qu’a constitué la conquête mécanique de ce sommet et la construction du téléphérique. 

    Il fut inauguré le 26 août 1955 : il était alors "le plus haut, le plus grand, le plus long et le plus rapide du monde". Le projet de hisser alpinistes et touristes au faîte de cette pointe trottait dans les têtes depuis la fin du XIXe siècle mais l’idée folle de rallier le sommet d’un seul jet depuis le plan de l’Aiguille – soit trois kilomètres de portée sans pylône – fut lancée en 1947.

    Des plans, dressés en 1904, furent mis à exécution en 1909 et la réalisation d’un premier téléphérique avança bien péniblement. Il fonctionna plus ou moins  de 1924 à 1950, mais ne parvint jamais plus haut que le col du Midi.

    3.842, le film d’André Gillet, retrace l’épique construction du téléphérique actuel. De 1951 à 1954, 70 à 80 ouvriers recrutés dans la vallée de Chamonix mais surtout dans le Val d'Aoste voisin – maçons, mineurs et mécaniciens –, s’échinent à dompter ce monde minéral pour barder d’acier le sommet. Ils subissent les rigueurs d’un climat presque polaire, avec des vents atteignant 200 kilomètres à l'heure, et des tempêtes de neige dont leur rustique campement les abrite bien peu. Ils doivent faire fondre la glace pour brasser les bétons, au moyen de feux de bois ou de vieux pneus. Ils mènent une vie périlleuse, travaillant au-dessus de vertigineux à-pics, suspendus à la paroi. Beaucoup y laissèrent leur vie.

    Le film montre notamment la prouesse technique réalisée par une cordée de guides de Chamonix qui vont déposer le premier câble. Ils grimpent péniblement, s’enfonçant dans la neige jusqu’à mi-cuisse, parviennent au sommet, y posent le câble en l’ancrant à des aspérités rocheuses, puis, lentement le déroulent et le guident dans les 1500 mètres de descente de la face nord. Ce premier câble est le pont jeté qui permet au chantier de démarrer, aux bennes de service d’acheminer eau, chaux, sable, acier et hommes…

    Dès l’inauguration du téléphérique à Chamonix, en août 1955, la clientèle afflue en masse. Le voyage suspendu, à plus de mille mètres au-dessus du glacier, au long des murailles de granit et des chaos de blocs, constitue une attraction sans égal.

    Déjà, un nouveau chantier s’ouvre : un téléphérique enjambera la Vallée Blanche, de l’Aiguille du Midi jusqu’à la pointe Helbronner, d’où un téléphérique qui fonctionne depuis 1945 mène à Courmayeur. La jonction touristique entre la France et l’Italie est pour bientôt !

    Extrait du film &quot;3.842&quot;<br />
    Aux portes de Chamonix, se trouve la gare du téléphérique le plus haut de France et du monde (nous sommes en 1955) : le téléphérique de l'Aiguille du Midi. La cabine se met en branle, à la vitesse de 7 mètres par seconde. Cinq ans auparavant, la construction du téléphérique fut une vraie aventure... Les guides de Chamonix se rendent vers le sommet de l'Aiguille, s'enfonçant dans la neige. Ils vont déposer le premier câble au sommet. Ce câble est tiré pendant huit jours dans les 1500 mètres d'à pic de la face nord. <br />
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    Résumé du film<br />
    Tandis que certains vacanciers visitent l'été le patrimoine historique de la France, d'autres profitent des loisirs offerts par la vallée, les alpages et les montagnes de Chamonix-Mont-Blanc. Les visiteurs peuvent notamment accéder jusqu'à 3842 mètres d'altitude en empruntant la deuxième ligne en service du téléphérique de l'Aiguille du Midi, dont le film montre les travaux de construction de 1950 à 1955.
      • Année
      • 1955
      • Producteur
      • ATLANTIC FILM MARCEL DE HUBSCH
      • Réalisateur(s)
      • André GILLET
      • Cameraman
      • René VERNADET