Histoire du ski

Biographie

Par Elsa GIRAUD

  • La Grande aventure du ski

    JACK LESAGE

  • Le ski fut inventé durant la Préhistoire dans les territoires proches du cercle polaire. Pour chasser le renne, les peuples arctiques devaient être aussi rapides que lui : c'est en imitant son pied, divisé en deux parties pour mieux s'étaler sur la neige sans s'y enfoncer, qu'ils conçurent les premières planches de bois et leurs fixations.

    Pour le préhistorien André Leroi-Gourhan, "le ski est une forme si naturelle qu'on est en droit de penser que plusieurs peuples l'ont inventé". Deux théories, basées sur la linguistique, attribuent son invention l'une aux Finnois de Baltique, l'autre aux Toungouses de Sibérie ou plus largement aux populations de l'Altaï. Les plus anciens témoignages matériels sont en Scandinavie : en Norvège, une gravure rupestre montrant un homme équipé de longues planches courbées aux extrémités et d'un bâton, datée de 4000 ans av. J.-C., et en Suède un ski extrait d'une tourbière et daté au carbone 14 de 2500 ans av. J.-C. Les sagas scandinaves montrent l'importance culturelle et technique du ski : moyen de déplacement, objet ludique, ce gage de rapidité et d'agilité sur neige est aussi un véhicule à chasser et à guerroyer qui se répand au fil des migrations. Vers 1550, les armées russes et suédoises comptent des skieurs. Au XVIIIe siècle, l'armée norvégienne édite un manuel.

    Usité par les habitants de Bloke en Slovénie au XVIIe siècle, le ski est adopté bien plus tard dans le reste des Alpes. Après l'Autriche, qui créée des régiments de skieurs en 1892, l'Italie et la Suisse, l'armée française débute ses essais à Briançon l'hiver 1900-1901, sous l'impulsion du capitaine Clerc nommé au 159e Régiment d'Infanterie Alpine (le "15/9"). A son arrivée dans les Hautes-Alpes, son épouse lui offre une paire de skis achetée à Genève. Il la teste avec quelques soldats équipés à ses frais et comprend qu'il tient là, la solution à l'épineux problème auquel est confronté le 15/9, en charge de surveiller la frontière avec l'Italie, ennemie de la France. La tension internationale a motivé en 1890 la décision de l'État-major des Armées d'occuper à l'année les forts de haute altitude. Or la raquette, seul instrument de circulation hivernale, s'avère inutilisable en cas de forte chute de neige.

    Grâce à des essais comparatifs chronométrés, Clerc prouve la supériorité du ski : plus rapide à la montée comme à la descente, un skieur parcourt la montagne quelles que soient les conditions. Il obtient la venue d'instructeurs militaires norvégiens, du matériel en nombre et la création de l'école normale de ski en 1904. Des sections de skieurs sont créées dans tous les régiments de montagne. Pendant plusieurs décennies, le ski joue un rôle fondamental tant dans la défense en montagne que dans la formation d'alpins aguerris.

    C'est aussi en Briançonnais que sont prises les premières mesures propageant le ski dans la population. Pour obtenir de bons skieurs militaires, l'apprentissage des conscrits doit débuter dès l'enfance : c'est donc dans les villages alpins qu'il faut former le vivier. Le capitaine Rivas, directeur de l'Ecole normale de ski, publie en 1906, le "Petit manuel du skieur", livret d'apprentissage et notice de fabrication simple et économique des skis. En 1907, l'armée et le Club Alpin Français organisent à Montgenèvre le premier concours international de ski en conviant tous les grands titres de la presse écrite. Articles et cartes postales popularisent la pratique. Dans les hautes vallées, l'armée suscite la création de clubs et donne ses skis usagés, des administrations équipent leurs agents, instituteurs compris. Le concours international, renouvelé à Chamonix en 1908, devient annuel. Le premier conflit mondial interrompt cet engouement, si bien que dans l'entre deux-guerres, les mêmes opérateurs recommencent l'œuvre de vulgarisation : armée, Club Alpin Français, Touring Club de France, ministère de l'Instruction publique, Secrétariat d'Etat aux Sports.

    L'invention en 1934 du remonte-pente est décisive. L'entreprise allemande Bleichert construit son premier téléski à Davos en Suisse. Cet appareil simple qui permet de remonter une pente skis aux pieds sans effort permet la popularisation définitive du ski. Davos et Saint-Moritz depuis la fin du XIXe siècle, Chamonix depuis les années 1900, sont des stations touristiques fréquentées l'hiver pour leurs installations sportives : patinoire, piste de curling, tremplins de saut. Grâce au remonte-pente, des stations centrées sur le ski se créent dans toutes les montagnes françaises, les premières avant-guerre, la plupart entre 1950 et 1980. Désormais industrialisé, le monde du ski regroupe des techniques et des philosophies variées : en stations, le ski alpin – majoritaire –, le snowboard, le hors-piste et les disciplines nordiques, dans les territoires vierges le ski de randonnée, apanage de privilégiés épris de liberté. Le changement climatique, qui condamne les stations de basse altitude à la disparition et pose la question des ressources en eau, remet en question cette économie du ski.  

    Extrait du film &quot;La grande aventure du ski&quot;<br />
    Histoire du ski, des peintures rupestres au début du XXe siècle.<br />
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    Résumé du film<br />
    Des terres scandinaves aux pistes de ski modernes, ce film réalisé par Jack Lesage retrace toute l’épopée de ce sport, de ce loisir, de ce moyen de transport depuis l’origine jusqu’à la fin des années 1970. Mêlant images d’archives étonnantes et contemporaines, nous nous promenons entre ski alpin (et ses différentes écoles de ski), ski de fond, saut à ski, relais et ski acrobatique. Et sur différents massifs : dans les Alpes, aux États-Unis, en Amérique du Sud (Pérou, Bolivie), dans les grandes Andes, au Chili, mais aussi à Tenerife, au Japon... Et lors de différentes compétitions : Jeux Olympiques, Championnats du monde, Descentes internationales... Quelques secondes de très rares images de la flamme olympique de Grenoble dans l'avion qui la ramène de Grèce dans une lampe de mineur de La Mure à la 35ème minute.<br />
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    Personnes : Rudolf Rominger, Émile Allais, Christl Cranz , James Couttet, Henri Oreiller, Georges Schneider, Adrien Duvillard , Marielle Goitschel, Christine Goitschel, Charles Bozon, François Bonlieu, Léo Lacroix, Ingrid Lafforgue, Gustavo Thöni, Jean-Noël Augert, Marie-Theres Nadig , Fabienne Serrat , Franz Klammer, Lise-Marie Morerod, Jean-Claude Killy... et de nombreux autres.
      • Année
      • 1976
      • Producteur
      • CINÉPRESS
      • Réalisateur(s)
      • JACK LESAGE