Le pâturage s'étend en douces ondulations qui se perdent au loin derrière une croupe herbeuse. Rassemblées sur l'une de ses « couchades », le troupeau de brebis fait la pause rituelle de la mi-journée : les bêtes ruminent au soleil de midi. De la cabane du berger proche, les chiens se mettent soudain à aboyer pour annoncer le passage d'un groupe de promeneurs. Presqu'aussitôt, une série de sifflements (qui sont en fait des cris) relaie le message des chiens. La marmotte, de service au poste de sentinelle, vient d'avertir ses copines. Immédiatement elles dressent la tête, évaluent l'éventuel danger, et retournent à leurs affaires, le nez dans la pelouse. Ces touristes là ne leur poseront pas de problème, ils n'ont pas de chien !
Comme beaucoup, ces visiteurs seront ravis de pouvoir observer un animal aussi charismatique dans un décor aussi beau. C'est donc, au milieu des pelouses fleuries de l'été, qu'elle va passer plusieurs mois. Ces peluches vivent en famille, regroupées en colonies, sur un territoire jalousement défendu. Qu'une marmotte étrangère à la colonie ose s'aventurer chez les voisines et la réaction ne se fera pas attendre. Elle va être prise à parti et un combat violent peut s'engager qui peut aboutir à de sérieuses blessures, voire pire !
Ses yeux disposés sur les côtés de la tête lui offrent un vaste champ de vision, ce qui est bien pratique pour surveiller tout ce qui se passe autour d'elle... et elle en a besoin pour repérer son principal ennemi, l'aigle royal. Bien qu'elles passent une partie de leur existence en plein air, leur vie est principalement souterraine. Aussi, elles creusent. Elles disposent pour cela des outils nécessaires avec des pattes avant puissantes qui grattent et des pattes arrières qui évacuent les déblais. Dans le noir, les vibrisses (poils des moustaches) leurs sont bien utiles pour se déplacer.
Après avoir profité de l'été au milieu des pâturages, le début de l'automne est consacré à préparer un long séjour sous terre, pour oublier l'hiver. Son embonpoint de fin de saison va constituer une assurance vie car l'hibernation va durer six mois. Blottie au fond de son terrier en compagnie de quelques congénères, ses fonctions vitales vont ralentir : la température s'abaisse autour de cinq degrés et le rythme cardiaque dégringole à une ou deux pulsations par minute !
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le réveil printanier est provoqué par une horloge interne et non par la température ! Quand c'est l'heure, c'est l'heure ! Qu'importe s'il y a deux mètres de neige, une galerie sera creusée et les animaux amaigris pointeront un museau affamé au bord du trou à la recherche d'un îlot déneigé où un peu de végétation sera accessible. Point noir sur une étendue immaculée, l'aigle n'aura aucun mal à les repérer...
La marmotte des Alpes, plus gros des rongeurs de France après le castor, est un peu le nounours des montagnes : Marmotte – Mascotte. Combien sont-ils, estivants de passage à rêver de la croiser ? Ce n'est pas si difficile, pour peu que l'on randonne dans les alpages... les yeux grands ouverts.
Petit à petit, les marmottes se réveillent...<br />
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Résumé<br />
Mi-mars, au fond de leur terrier, les marmottes du Grand Rocher sortent de leur profonde hibernation, qui a duré près de cinq mois. Les marmottes recommencent à vagabonder sur leur territoire, en plein coeur des Alpes françaises, à plus de 2 000 mètres d'altitude. Le film raconte leur histoire, jusqu'à l'automne et la prochaine hibernation : la vie quotidienne, paisible en apparence, mais soumise aux conflits familiaux, aux problèmes de voisinage, à la menace de l'aigle et du renard ; leurs longs séjours sous terre, la saison des amours, la naissance des petits et leurs premiers pas...
- Année
- 1996
- Producteur
- LÉO PRODUCTIONS
- Réalisateur(s)
- Erik LAPIED, Jean-Yves COLLET
- Cameraman
- Erik LAPIED
- Son
- Anne et Erik LAPIED